mercredi 18 avril 2012

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Je me suis levée ce matin là, insouciante. Les heures se sont écoulées lentement, paisiblement. Des tas de gens ont pris le train, sont allés au bureau, certains ont bu un café, ils ont lu, ri, pleuré, couru, d'autres sont allés chercher leurs enfants à l'école ou sont allés au cinéma. Ce que j'ignorais, c'est que si j'avais ouvert les yeux quelques heures auparavant, tes paupières étaient restées closes, ton corps endormi. Tes lunettes posées sur la table, un tasse de café, un journal furent les ultimes témoins de la vie qui continue, la vie qui oublie. Et pourtant comme j'aurais souhaité que ces objets inertes et silencieux parlent alors, qu'ils me racontent tes petits yeux malicieux, ton sourire en coin, tes maladresses si touchantes... Mais il a fallu m'y résoudre, aligner la tasse dans l'armoire, jeter le journal, emporter tes lunettes avec moi comme un trésor, les conserver jalousement. Parce que oui, c'est ce qu'on fait, on passe sa vie à mettre les choses à leur place, ou à leur en trouver une. On range pour se souvenir, pour se rassurer. On s'agrippe aux instants.